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Un peu de tout et de rien !
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25 mai 2008

Je voulais pas tout savoir...

Comme je vous l'ai souvent fait comprendre, la vie d'employée commerciale n'est pas facile tous les jours. Nous sommes confrontés à une foison d'individus différents avec des besoins divers. C'est ce qui fait la polyvalence infinie de notre métier. Le relationnel, la communication est une partie importante de nos fonctions et nous amène parfois à nous impliquer de manière inattendue et imprévue dans la vie des clients.


Après un retour au travail dans une contrariété certaine, j'avais oublié ces petites choses qui font que je trouve mon métier plein d'humanité. Je n'avais pas envie d'y retourner, pas parce que je n'avais pas envie de retravailler. Mais pendant mon arrêt maladie, un coup de téléphone de mes supérieurs m'avait donné un arrière goût amer. Bien que je présume que cela partait d'une bonne intention, on me proposait d'échanger mon poste en rayon avec une des caissières qui n'est pas plus en forme que moi pour ménager mes jambes et que ça ne devienne pas "chronique" comme on me l'a si bien fait comprendre. Mais si mes jambes ont craqué c'est que la surcharge de travail des ponts de Mai leur a été fatale : avoir le double ou le triple de travail sans augmentations horaires , quand bien même un peu d'aide m'ait été donnée de temps en temps, a pour ainsi dire déclenché le mécanisme des tendinites acharnées. Et le stress de se retrouver devant ces palettes geantes et en surnombre à décharger n'a rien arrangé. Me proposer de changer de poste, ok. Mais pas au téléphone. Pas avec une collègue qui a fait 4 mois plus tôt une attaque vasculaire et qui a mal à la jambe droite. Pas avant que je sois revenue, c'était la moindre des choses. Et puis moi, je ne veux pas quitter mon rayon, du moins pas pour 35h de caisse, sans dénigrer le travail de caissière. C'est juste que moi, je m'épanouis plus en rayon. Heureusement, la collègue en question ne veut pas échanger de poste, elle n'aime pas mon rayon et c'est tant mieux pour moi. Si jamais je sens que je fléchis, il est conclu que nous nous arrangerons pour partager le rayon et la caisse, le temps que mes jambes me reviennent en forme.

Comme je sais que le milieu de la grande distribution peut être parfois très spécial, je craignais qu'on me tire dans les pattes, qu'on cherche à me faire m'écrouler. Il faut toujours se méfier de ses supérieurs, aussi sympathiques et attachants soient-ils, surtout dans un milieu féminin à 85% où vous avez très souvent le dos bien sucré quand vous n'êtes pas là. Et pour toutes ces raisons peut être un peu exagérées, je craignais ce retour et j'avais oublié donc, les gens, ceux que je croise chaque jour grâce à mon travail et qui font de chaque jour un jour différent et original. Mon retour s'est, malgré mes anxiétés, bien déroulé, même si je reste sur mes gardes.


J'ai retrouvé mes adorables petites vieilles et petits vieux, qui perdus dans les allées, viennent toujours me redemander avec gêne leur chemin. Il y a cette petite mémé, toujours souriante, qui me gratifie toujours de ses sourires mignons et de ses gentillesses et qui m'avait demandé de lui trouver un thermomètre.

"C'est de plus en plus rare dans le commerce des personnes comme vous ! Vous faites de moi une reine chaque fois que je viens ici, vous êtes très gentille". Sourire. C'est mon rôle. Elle me le dit à chaque fois de manière différente. Je ne vais pas hurler sur les gens ou leur dire de se démerder et à quoi me servirait de ne pas être à l'écoute à par rendre mon travail monotone et sans saveur? Parce que quand j'ai passé trois ou quatre heures à ranger mes bouteilles et mes rayons, j'aime bien de temps en temps croiser le chemin d'une personne, qui va illuminer ma matinée de ses mercis enjoués et des petites plaisanteries. C'est de l'humanité dont il s'agit.


J'ai retrouvé ces gens qui pensent qu'on a tout essayé dans le magasin et qui me rappellent ce petit vieux et son papier toilette . "Elle colle bien cette colle?". Quelle question ! Je suis pas dans le tube moi ! Alors je chope le paquet et de je lis attentivement. Parce que je n'aime pas faire la connaisseuse quand ce n'est pas le cas. Je lis avec attention. "Colle forte pour le bois, le cuir, le plastique de haute qualité. Très peu suffise, blablabla, faire attention aux doigts. Oui, je pense que c'est une colle efficace et en plus apparemment vos n'avez pas besoin d'en mettre beaucoup, donc vous devriez pouvoir coller beaucoup de choses avec madame.". Sourire. "D'accord, je la prends". Et pourtant je n'ai fait que lire joyeusement la notice ! Un rien suffit.


J'ai retrouvé les gens qui racontent leur vie. "Je reviens de Lannemezan là, j'étais chez ma mère et on a mangé du gâteau à la noix de coco. Ma mère est très bonne cuisinière vous savez." Ca me fait une belle jambe. Sourire. "Ah oui? La mienne aussi.". Ceux qui partagent leurs problèmes médicaux : "Je vois que vous avez une belle cicatrice de thyroïde" en référence à ma splendide cicatrice. "Ca fait longtemps qu'on vous a opérée?". Hého, c'est ma vie médicale ça ! "4 ans." Sourire. "Et ça va? Vous allez bien?". "Bah oui, ça va, je travaille, je suis debout, je me porte plutôt bien, hormis quelques inconvénients collatéraux, mais qu'est-ce qu'on ne supporterait pas pour rester en vie hein?". Sourire. "Moi c'est dans trois semaines.". "Bon courage ! Et vous inquiétez pas , c'est comme une lettre à la poste, ça passe tout seul". Et 1 mois plus tard "Ca y'est ! Je l'ai plus ! Mais ça va, JE SUIS JUSTE UN PEU ENERVEE, je sais pas pourquoi, c'est normal?". Sourire, et merde, on me prend encore pour une encyclopédie dédiée à la thyroïde. "Vous savez, au début c'est assez instable, votre corps a des hauts et des bas, consultez votre médecin, et vous saurez à la prochaine prise de sang, ne vous en faites pas trop, les deux premiers mois sont imprévisibles.". Sourire. "Vous me rassurez". En fait, j'avoue que quand elle est seule avec moi en caisse, ça ne me pose aucun problème, mais quand y'a des gens derrière... Heureusement que nous n'échangeons pas des expériences douloureuses liées à des protubérances hémorroïdaires …

Et puis j'ai retrouvé ces petites choses que je ne veux pas savoir

Comme la petite vieille qui m'a expliqué comment elle avait eu la chiasse à cause d'une brique de jus d'orange qu'elle n'avait pas mise au frigo après l'avoir entamée et qu'elle a bu 10 jours après. En précisant sur un ton de tragédie que les infirmières de la maison de retraite l'avaient sauvagement engueulée. Elle m'a donc posé plein de questions sur la conservation des bouteilles de jus de fruit, ce à quoi j'ai du répondre 15 fois qu'il fallait bien les mettre au frigo et les consommer le plus rapidement. Avec le sourire.


Comme ce couple qui se roulait des pelles goulues à pleine langue devant les sacs poubelles et se pelotait sans aucune vergogne. Fallait les voir. Je pense qu'ils ont du même se retrouver l'un l'autre des restes de ce qu'ils avaient mangé la veille et que les amygdales sont passés aussi au grand nettoyage lingual ! Ah ben c'est du joli. Y'a des âmes sensibles ici, et puis on est pas un hôtel. Quant à faire ça devant le rayon de l'alu et des sacs poubelles, c'est d'un romantique absolu. Quoique, c'était peut-être pour montré qu'ils étaient bien emballés. Ca me faisait sourire. Et ma collègue qui me dit: "Mais c'est pas sa femme !" et moi qui ajoute avec perspicacité de commère : "Donc c'est sa maîtresse. Dallaaaas…ton univers impitoyableeeuhhh". Sourire.



Comme ce petit vieux qui m'a raconté qu'on allait lui refaire le pot d'échappement, à peine m'a-t-il aperçu. Il est très sympathique, il a un bras paralysé et n'aime pas qu'on l'aide. Je suis la seule à ne pas l'aider, ne pas lui emballer les courses sauf s'il me le demande. Il aime à se débrouiller de lui-même, ça se voit, alors je ne l'encombre pas d'une serviabilité trop insistante et le considère comme une personne valide à part entière, car c'est délicat quand il y a du monde, de donner l'impression à quelqu'un qu'il n'est pas valide. Certains profitent de leur invalidité pour se faire aider, mais beaucoup aiment que cela ne se remarque pas. Et donc, il m'a dit comme ça "Ah! Comment allez vous ! Ca faisait longtemps que je vous avais pas croisé!". Sourire. Ma foi, je lui réponds que je vais bien, et lui retourne la question. "Et bah, je vais me faire refaire le pot d'échappement la semaine prochaine, oh pas celui de la voiture hein !!!! Le mien ! Ils vont me faire une coloscopie! Allez, riez bien! Et bonne soirée". Sourire. "Bon courage".

coloscopie



C'est un travail souriant, y'a pas à dire, non?

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Commentaires
W
Merci fiso !
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F
Heureusement que tu es venu chez moi, je ne t'aurais peut-être pas retrouvée, sinon. <br /> J'aime bien tes anecdotes, je vais les lire au fur et à mesure, vous avez un vrai rôle, en magasin, et les conditions de travail sobnt difficiles. <br /> Courage, Wawaa ! <br /> (et garde ce sourire qui leur fait autant de bien à eux qu'à toi!)
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