Les sales plans dragues (1)

7 juin 2008

Je déteste me faire draguer, encore moins sur mon lieu de travail. Déjà parce que je ne me fais jamais draguer par des hommes ayant la norme wawaa, c'est-à-dire pas forcément d'un esthétisme fulgurant, mais polis, propres sur eux, un minimum intelligents, comprenant mon humour, sans trop de déviations mentales et tant qu'à faire n'ayant pas l'âge de m'avoir conçue trois fois dans leur vie. Ceci étant on ne peut pas tout avoir. On ne peut pas être une femme formidable comme moi,-avec d'énormes chevilles !-, et avoir le gratin masculin à ses pieds. Moi c'est pas le gratin que j'ai, c'est le fond gras et collant du plat. Appétissant n'est-ce pas?

Et donc, le fait de travailler dans un supermarché favorise les contacts avec la gente masculine. Je n'ai rien de la petite caissière mince et sexy. Quoiqu'il n'y a que la minceur traditionnelle que je n'ai point. Non mais ho, on va pas non plus se balancer des orties ! Et je plais, évidemment que je plais, mais apparemment (apparemment car je considère que les individus bien sont trop timides ou trop bêtes pour ne pas oser me draguer) seulement à deux types d'individus :

-Les trentenaires/quarantenaires ahuris et désespérés,
-Les vieux obsédés qui pensent encore un peu frétiller de la quéquette.

Oui c'est mignon ce que je dis, mais c'est vrai. Ca a au moins l'avantage de m'occasionner de gros fous rires avec mes collègues.

C'est pourquoi en quelques billets je vais vous évoquer quelques plans dragues subis en caisse et qui me font toujours autant rire.

Episode 1 : Un prénom charmeur?

Au tout début de mes années de caisse, alors que je n'avais que 19 ans, les demandes en mariages pleuvaient : tous les soixantes-dix, soixante quinze ans, veufs et plein d'humour se lachaient. Ceux-là je les pardonne 1000 fois car ils plaisantaient de bon cœur. Mais à cette époque j'ai été victime d'un plan drague assez interessant. Il s'inspirait de mon prénom.

Un trentenaire à l'air paumé, un peu débile, complètement à côté de ses pompes, bizarre, qui n'avait pas l'air lavé depuis trois ou quatre jours, passe à ma caisse, regarde mon badge et me dit avec un ton des plus passionnés : "Sylvie, c'est un très joli prénom, très très joli. C'est mon prénom préféré. J'adore ce prénom." Bon ok hein, on a compris t'aime bien mon prénom. Je me suis demandée à un moment s'il allait me demander combien de temps cela faisait que je le portais comme on demande à un maître depuis combien de temps il a son chien. Ma foi. Je le remercie agrémenté d'un "bonne journée", attitude commerciale oblige… Il avait réglé ses courses et il avait le droit de partir. Mais non, il est resté là, s'est décalé un peu vers l'autre coin du tapis, et s'est planté là, bêtement. Je souriais en regardant ailleurs et je commençai à passer les articles des clients suivant à qui j'avais adressé un joyeux bonjour à l'idée que l'autre tâche MonPrénomPhile encore en train de délirer sur ma dénomination quotidienne se barre. "J'appellerai ma fille comme ça quand j'en aurais une! Vous voulez des enfants?". Euh…Il me fatigue lui. Il se pousse un peu plus vers l'autre coin. Qu'est-ce que je pouvais faire? A part attendre qu'il s'en aille avec son air de chien battu. Quand il a lancé la question "Et vous habitez Arles, Sylvie?", je lui ai fait comprendre sans même prononcer un mot, par un de mes terrifiants regards noirs, deux petites choses : pour commencer on ne m'appelle pas par mon prénom librement quand bien même il décore mon badge, on a pas élevé les cochons ensemble et on ne fera pas les cochons ensemble, ensuite on ne me demande pas où j'habite. Il n'a pas insisté et s'en est allé les bras ballants. Les clients quant à eux, riaient généreusement. Et moi aussi intérieurement, j'avais brisé un cœur et maintenant, et depuis il doit détester toutes les Sylvie, probablement !