PAN !
Puis, j’entends les ronflements perçants du chien. Je reprends confiance, je me sens mieux, je me rassure. Je me sens moins seule. Je trouve le courage d’allumer la lumière. Je me sors difficilement du lit. J’avance à petits pas hésitants. Je cherche un pull pour me couvrir, il fait si froid hors des couvertures. J’ouvre grand les yeux. Mes globes oculaires me semblent pivoter en tous sens. Ma main se pose sur la poignet de ma porte. J’ouvre. Je passe mon bras pour allumer la lumière du salon après avoir inspiré une bonne bouffée d’air. Rien. Ou presque. Le chien est confortablement affalé sur le dos, les quatre pattes en l’air, endormi, ronflant, dans son panier. J’explore un peu plus loin cette maison que je connais par cœur. Rien. Rien n’est suspect. La porte est fermée. Les volets sont encore fermés. Dans la cuisine rien ne semble être tombé, ni la vaisselle en attente dans l’évier, ni une babiole accrochée au mur. Pourquoi avais-je entendu ce « PAN ! » surprenant ? Etait-ce l’objet de mon imagination ? Le bruit d’un rêve commençant que j’avais cru réalité ? La réponse était apparemment inexistante. J’étais un peu déçue ! Oui déçue. Mon imagination avait été si débordante, que je m’attendais à me retrouver comme dans les films, dans une aventure inimaginable, mettant ma témérité à l’épreuve. Je baillais de fatigue. L’appel de mon lit reprenait langoureusement. J’y suis retournée, vacillante, prête à dormir tranquille et moins inquiète.
Le réveil
de 5h00 sonne. C’est l’heure. L’heure de se lever, de se préparer pour aller
travailler. Le réveil est difficile mais je n’ai pas le choix. J’avais
complètement oublié ce moment de panique qui avait perturbé le début de ma
nuit. Mon estomac se fait entendre. J’ai envie d’un bol de lait. J’ouvre la
porte du réfrigérateur. Quand tout à coup…le cidre. Le cidre ? Oui, la
bouteille de cidre que j’avais entamée pour accompagner mon repas. Je l’avais
soigneusement rebouchée avec un bouchon de métal. Elle ne rentrait pas debout
dans la porte du frigo. Je l’avais couchée sur la première étagère. Je me suis
rendue compte que la bouteille avait égaré son bouchon et que la totalité du
frigo baignait dans le cidre. « Mais qu’est ce qui s’est passé ? ».
Je retrouve le bouchon dans un des compartiments de la porte et le « PAN ! »
de la veille me revient à l’esprit. C’était donc ça, ce bruit tonitruant qui m’avait
terrifiée la veille ? C’était ça qui m’avait réveillé d’un profond sommeil !
C’était ça qui m’avait fait imaginer foison de scénarii époustouflants et horrifiants ?
C’était ça, un simple bouchon de métal qui, sous l’effet de la pression, s’était
assez violemment vu projeté contre un porte de réfrigérateur même pas abîmée
par cette collision inattendue. Il ne me restait plus qu’une chose à faire en
rentrant du boulot : nettoyer le réfrigérateur de haut en bas, de long en
large et me séparer de quelques mets dont la saveur d’origine ne s’accordaient
pas du tout avec le goût du cidre.