Confession d'une énorme frite…

Le journal de Grosse Patate.

Une grosse patate qui tient un journal? Voilà un titre mystérieux ! Fait-on se confier les frites de chez MacCain ou les futures chips de Flodor?

J'avoue ! Je me suis commandée ce petit livre parce que le titre m'a accrochée !

Le mot "Patate", ça me met dans tous mes états. Soit. Je reçois le dit bouquin et je lis la quatrième de couverture :

"Grosse Patate c'est le surnom qu'on lui donne à l'école parce qu'elle mange tout le temps. Elle, elle sait qu'elle est ronde et douce…"

Etrange comme ces petites choses me rappellent certains épisodes de mon enfance. Voilà que je me sens touchée et pressée de lire l'histoire de cette Grosse Patate dont l'auteur est Dominique Richard, comédien et metteur en scène à la base.

La couverture, à première vue n'aide pas forcément à présager les valeurs véhiculées par ce journal : on y voit une sorte de ballon rouge avec de ci de là quelques déformations. Mais en y réfléchissant bien, cela ressemble bien à une grosse patate, avec des particularités qui la rendent différente et une certaine taille qui rappelle le thème de l'obésité.

Nous entrons donc en le lisant dans l'intimité d'une petite fille qui tient un journal concernant les petites anecdotes qu'elle rapporte de l'école. Il y a une sorte de compromis entre le journal et le théâtre, puisque les rêves de la petite fille sont rapportés par un dialogue entre elle et un homme en noir. L'univers de Grosse patate est un univers banal : celui de l'école et des enfants, cruels entre eux mais curieux également. Beaucoup d'humour dans le langage, un langage rigolo brodé d'expressions loufoques, des situations marrantes, des jeux de mots…

Beaucoup d'humour et d'imagination dans les illustrations : ce sont en fait des tâches que Grosse Patate a fait quand elle a écrit son journal, elle les a gardées et leur a donné un nom selon à quoi cela pouvait faire penser.

Le thème de la différence traité sur toutes les coutures : obésité, sexualité, beauté, intelligence …C'est une véritables réflexion sur la diversité des individus: diversité physique et/ou intellectuelle. Grosse patate reste le personnage principal, mais il y a aussi Remi, surnommé Remilette, qui a plutôt une attitude de fille que de garçon, Hubert, le beau gosse, Rosemarie, la timide…Toutes les filles, Rosemarie et Grosse Patate y comprises tombent amoureuse de Hubert, Remi tombe amoureux de Hubert lui aussi, il est aussi le bouc émissaire de tous, et Grosse Patate se donne à cœur joie de le gifler quand lui prend l'envie. Tous agissent en fonction des différences les uns avec les autres…et pourtant au final, ils deviennent tous amis et Grosse Patate se rend compte que cela importait peu d'être différent.

Et puis à la fin, une note émouvante de l'auteur qui explique d'où lui vient l'inspiration du livre : une amie a lui se faisait surnommer grosse patate, il était tiraillé par sa sexualité féminine, il tenait un journal lors de son adolescence…Il y raconte même quelques extraits de son enfance. Bref, un petit ouvrage très enrichissant, à la fois drôle et tragique, mignon et touchant …et tellement authentique ! Je le conseille à tous ceux qui se sentent mal dans leur peau, quelle qu'en soit la raison.