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Un peu de tout et de rien !
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14 février 2010

Le ras-le-bol de l’employée de grande distribution.



Il y a des jours comme ça où on se répète sans cesse que si on avait su, on n’ aurait pas sorti un seul orteil du lit. Je me lève dans un froid tonitruant, je regarde le mercure qui m’annonce un coriace -4 degrés. Je vais pisser. Comme tous les matins ma vessie hurle.

Je prends mon petit cachet d’hormones, un petit tour sur ma boite mail, un chocolat chaud, des céréales. 5h40 du matin, j’ose mettre le nez dehors, mes cils se couvrent de givre, les chats miaulent de toutes leurs forces pour entrer dans la maison, mais je résiste à leurs appels désespérés. Je rejoins ma voiture, je démarre, je m’en vais. Mes tétons se raidissent, gèlent à tel point que j’ai l’impression qu’ils vont éclater en mille morceaux. Mes mollets frissonnent. Dans ma voiture, on ne sent pas trop le chauffage depuis que le ventilateur a cramé. Et pour éviter la buée, il faut laisser une vitre entrouverte !

J’ai froid. Il tombe de minuscules flocons, comme de la farine. J’ai toujours froid. J’arrive au boulot. J’ai encore froid. Je tambourine à la porte vitrée de l’entrée. Personne ne m’entend, le temps tourne, 5 minutes de perdues. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’on nous annonce que la machine à laver le sol est ENCORE cassée et tant qu’elle n’est pas totalement démembrée, on ne nous la changera pas, économie oblige. Résultat 30 minutes à frotter le sol avec une serpillère. 1000 mètres carrés à nettoyer. On est 3,4 ou 5 selon les matins mais quand même. 30 minutes de perdues sur un temps déjà serrés pour faire tout le reste. Et après on viendra nous reprocher d’être « approximatif » et de ne pas tenir correctement nos rayons, de faire des commandes à la va-vite.

On perd un temps qui nous est précieux. Plus ça va et moins on a de temps. C’est comme ci nous étions des citrons qu’on s’acharne à presser, jusqu’à la dernière goutte , car il ne faut pas en perdre une seule… Il faut être plus que rentable, il faut équivaloir à 2 ou 3 personnes en ayant le salaire misérable d’une seule.

Après ce début de matinée laborieux, stressant, je pars en caisse. Je compte toutes les petites pièces et les billets pour vérifier que j’ai bien 200 euros dans mon caisson. J’ai les bras encore endoloris d’avoir passé à toute vitesse et de toutes mes forces la serpillère. Mes doigts ne répondent pas très bien, les pièces glissent, je recompte, encore et encore.

Une fois que la porte est ouverte, je ne peux pas encore m’assoir ! Vous êtes fous ! Il n’y a personne et il faut RENTABILISER ! Alors je vais arranger les étals devant les caisses sur lesquels sont disposés les bonbons colorés qui attirent facilement l’œil des bambins et les pousse au caprice.

Quand les premiers clients arrivent, je peux enfin m’assoir mais je ne peux pas rester inactive. Il faut scanner les articles les uns après les autres, parler de  la pluie et du beau temps. Affronter les humeurs des clients à qui en ce moment, je n’ai plus envie de sourire. Je suis lassée.

Lassée. Lassée de les entendre tous me répéter toute la journée qu’il fait froid dehors et que je suis bien là, à l’intérieur ! Lassée de les voir téléphoner sans qu’ils s’excusent ou m’adresse la parole ! Lassée d’attendre qu’ils remplissent d’abord leur bordereau de chéquier avant de me filer leur chèque ! Lassée qu’ils cherchent pendant des heures à faire l’appoint ! Lassée de devoir me plier à leur 4 volontés « Vous me donnez un sac s’il vous plait ? ». Je me lève, j’en prends un qui est à leur disposition devant la caisse ! Lassée de les entendre se plaindre que c’est trop cher ! Lassée d’entendre crier leurs gosses capricieux, de devoir faire la loi quand ces derniers approchent leurs petites mains des portes qui s’ouvrent et qui se ferment indéfiniment quand ils s’en approchent.

Quand la vague de clients se calment, pas de répit. Une collègue arrive en caisse, elle a fini son travail de rayon. On me rappelle ce qui reste à faire. Je pars chercher les cartons et quelques minutes plus tard, je suis appelée en caisse, trop de monde. Je repars, je charge un carton, je reviens en caisse, je repars, je reviens. Je passe plus de temps à courir entre le rayon et la caisse qu’à charger mes cartons.

Je regarde l’heure, je décompte. Les minutes semblent s’écouler lentement. J’ai pas envie de sourire, mais il le faut.  Le commerce est une activité pleine de joie ! Les clients ne veulent pas toujours leur ticket de caisse. Ca aussi ça m’énerve. Ca remplit ma poubelle. Je pense à ces pauvres arbres. Et puis après si y’a un truc qui va pas avec leurs courses ils reviennent et disent « On m’a pas donné le ticket ! ». Connards.

Et quand la journée commence à 6h et se termine à 19h45, le cerveau de l’employé commercial est compressé, la migraine est proche, les articulations amoindries, le dos en compote, l’esprit épuisé. Et le lendemain on recommence ce manège, avec toujours la même pression ou pire, on nous reproche tout ce qu’on a pas pu faire la veille… alors qu’on était en caisse à supporter les caprices de la clientèle. Alors que le problème est simple, il manque des employés. Et si ça continue il va en manquer une de plus !

Il est vraiment temps que je me bouge le cul pour changer de boulot !

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Commentaires
W
Ribouledingue, anna Sam, oh allez je crâne un peu, c'est ma copinnnne !<br /> <br /> Anna si tu passes par là, je t'aime !
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M
Ouais, je compatis ! Franchement, le travail sous pression, ça saoule desfois (même, souvent plus que desfois !)...<br /> <br /> Production, c'est rendu le mot d'ordre dans tous les secteurs maintenant... au détriment de la qualité bien souvent... et de la santé des employés !
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M
Ouais, je compatis ! Franchement, le travail sous pression, ça saoule desfois (même, souvent plus que desfois !)...<br /> <br /> Production, c'est rendu le mot d'ordre dans tous les secteurs maintenant... au détriment de la qualité bien souvent... et de la santé des employés !
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R
Tiens, je ne sais pas si tu connais cette ancienne collègue à toi et son livre :http://caissierenofutur.over-blog.com/<br /> (je viens de lire le bouquin, justement) - pas tendre, la vie de caissière (pardon, hôtesse de caisse) - bon courage.
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P
Tu es déjà bien courageuse d'avoir tenu si longtemps ! Encore une petite dose pour changer de travail, allez, tu seras bien mieux après :)
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