Y-a-t-il une caissière dans l'avion?
Soit vous la trouvez sensuellement adorable, agréable
et pleine d'humour, soit vous la détestez copieusement parce qu'en plus
de ne pas être esthétiquement à votre goût, c'est une teigne qui ne connaît pas le verbe sourire
et qui ne vous adresse la parole que pour vous demander de l'argent.
Mais la caissière est humaine et censée vous fournir un service : elle
vous conseille si vous avez une question, elle vous aide à trouver le
fameux rayon du sucre que vous cherchez depuis une heure et parfois
même, elle prête, malgré elle, une bonne oreille à vos répétitives et
dégoulinantes lamentations. Mais la caissière ne sera peut-être bientôt
plus là pour vous enjouer ou vous faire râler.
Actuellement, il n'est pas rare de trouver de nouveaux dispositifs d'encaissement dans les supermarchés : les caisses automatiques.
Le client devient polyvalent : il joue tout seul à la caissière comme
votre petite nièce et la caisse enregistreuse apportée par le père
Noël. Il remplit son caddie, le décharge, scanne ses produits, paie et
rejoint sa voiture. N'ayez pas de réjouissance trop hâtive, chers
éventuels voleurs : une hôtesse surveille plusieurs de ces dispositifs.
Vive le progrès, n'est-ce-pas ? Et vive aussi les quelques futurs
nouveaux inscrits dans le grand cercle des chômeurs anonymes.
L'argument principal en faveur du développement progressif de ces
nouvelles caisses automatisées est assez discutable : le gain de temps.
S'il est vrai que des petits paniers éviteront d'attendre derrière les
gros caddies familiaux du samedi après-midi, le problème du code barre
qui ne passe pas sera toujours le même, quant aux gens peu pressés qui
ont continuellement un temps infini devant eux pour leurs courses, ils
prendront probablement suffisamment de temps à passer leurs achats sur
la caisse pour que les clients suivants ne se privent pas de faire
quelques remarques d'impatience.
N'ayant pas véritablement testé ces dispositifs, ni en tant que
cliente, ni en tant qu'hôtesse, et étant habituée aux caisses
traditionnelles avec lesquelles je travaille quotidiennement, je ne
peux pas avoir un avis purement objectif sur la question. Ceci étant,
cela m'effraie. Me terrifie. J'y vois une sorte de déshumanisation
aberrante de ce secteur commercial qui pourtant, dans sa qualité de
"commerce", devrait plutôt privilégier le contact humain, la
communication. Et à mon sens, le véritable secret de la réussite de ce
type de commerce réside dans la relation humaine.
Quoiqu'en y réfléchissant, si on en arrive à ce point là, c'est que ce
commerce a fini par détériorer de lui-même ce qu'il lui restait de ces
relations humaines. Stress, cupidité dévoreuse et dévorante, conditions de travail parfois révoltantes (et je parle en connaissance de cause ! ), employé(e)s indisposé(e)s à la joie de vivre 29 jours sur 31, salaires démotivants, chef sous pression et de mauvaise humeur…
Une machine bien programmée aura toujours la politesse de nous saluer
et de nous remercier, elle. Ceci étant, il ne lui manquera que le
sourire, l'humour et la classique conversation sur la pluie et le beau
temps. En 2040, caissier/caissière ou hôte(sse) de caisse pour ceux qui
préfèrent des dénominations professionnelles plus pompeuses, fera fort
probablement partie des métiers qu'on dira "de l'ancien temps".
Merci à Anna Sam qui m'a inspiré cette réflexion.
Des croix gersoises sur Gersicotti Gersicotta !
Ça procrastine grave chez Pondéralement Vôtre !