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Un peu de tout et de rien !
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24 septembre 2008

Y-a-t-il une caissière dans l'avion?

Soit vous la trouvez sensuellement adorable, agréable et pleine d'humour, soit vous la détestez copieusement parce qu'en plus de ne pas être esthétiquement à votre goût, c'est une teigne qui ne connaît pas le verbe sourire et qui ne vous adresse la parole que pour vous demander de l'argent. Mais la caissière est humaine et censée vous fournir un service : elle vous conseille si vous avez une question, elle vous aide à trouver le fameux rayon du sucre que vous cherchez depuis une heure et parfois même, elle prête, malgré elle, une bonne oreille à vos répétitives et dégoulinantes lamentations. Mais la caissière ne sera peut-être bientôt plus là pour vous enjouer ou vous faire râler.


Actuellement, il n'est pas rare de trouver de nouveaux dispositifs d'encaissement dans les supermarchés : les caisses automatiques. Le client devient polyvalent : il joue tout seul à la caissière comme votre petite nièce et la caisse enregistreuse apportée par le père Noël. Il remplit son caddie, le décharge, scanne ses produits, paie et rejoint sa voiture. N'ayez pas de réjouissance trop hâtive, chers éventuels voleurs : une hôtesse surveille plusieurs de ces dispositifs.

Vive le progrès, n'est-ce-pas ? Et vive aussi les quelques futurs nouveaux inscrits dans le grand cercle des chômeurs anonymes. L'argument principal en faveur du développement progressif de ces nouvelles caisses automatisées est assez discutable : le gain de temps. S'il est vrai que des petits paniers éviteront d'attendre derrière les gros caddies familiaux du samedi après-midi, le problème du code barre qui ne passe pas sera toujours le même, quant aux gens peu pressés qui ont continuellement un temps infini devant eux pour leurs courses, ils prendront probablement suffisamment de temps à passer leurs achats sur la caisse pour que les clients suivants ne se privent pas de faire quelques remarques d'impatience.

N'ayant pas véritablement testé ces dispositifs, ni en tant que cliente, ni en tant qu'hôtesse, et étant habituée aux caisses traditionnelles avec lesquelles je travaille quotidiennement, je ne peux pas avoir un avis purement objectif sur la question. Ceci étant, cela m'effraie. Me terrifie. J'y vois une sorte de déshumanisation aberrante de ce secteur commercial qui pourtant, dans sa qualité de "commerce", devrait plutôt privilégier le contact humain, la communication. Et à mon sens, le véritable secret de la réussite de ce type de commerce réside dans la relation humaine.

Quoiqu'en y réfléchissant, si on en arrive à ce point là, c'est que ce commerce a fini par détériorer de lui-même ce qu'il lui restait de ces relations humaines. Stress, cupidité dévoreuse et dévorante, conditions de travail parfois révoltantes (et je parle en connaissance de cause ! ), employé(e)s indisposé(e)s à la joie de vivre 29 jours sur 31, salaires démotivants, chef sous pression et de mauvaise humeur… Une machine bien programmée aura toujours la politesse de nous saluer et de nous remercier, elle. Ceci étant, il ne lui manquera que le sourire, l'humour et la classique conversation sur la pluie et le beau temps. En 2040, caissier/caissière ou hôte(sse) de caisse pour ceux qui préfèrent des dénominations professionnelles plus pompeuses, fera fort probablement partie des métiers qu'on dira "de l'ancien temps".


Merci à Anna Sam qui m'a inspiré cette réflexion.


Des croix gersoises sur Gersicotti Gersicotta !
Ça procrastine grave chez Pondéralement Vôtre !

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Commentaires
W
Oh non, il ne faut pas être désolée ! Au contraire ! Un commentaire constructif et qui témoigne de la situation c'est utile et intéressant !<br /> <br /> Ce qui m'inquiète, à la limite ce n'est pas les pertes d'emplois immédiates, mais le renouvellement des emplois par la suite ... quand par exemple les employés actuels partiront en retraite. A voir à long terme à mon avis.<br /> <br /> Pour le reste ça ne m'étonne pas du tout ! Je connais bien les clients et je ne sais que trop qu'ils seront perdus par une caisse automatique ...ce qui prouve quand même aux médisants que nous avons un métier et des compétences qui nous sont propres, soit dit en passant !<br /> <br /> <br /> Merci pour ton passage !
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U
pour avoir testé ces caisses en tant qu'hôtesse (et avoir été une des premières à y avoir été formée dans mon département...), je peux en dire plusieurs choses :<br /> 1. ca n'a pas causé de chômage (ce qui était la crainte numéro 1)<br /> 2. les caisses sans caissières, c'est pas demain la veille, parce que le quidam moyen est un assisté de la vie, et qu'au lieu de lire les instructions que la machine lui donne, il n'en fait qu'à sa tête en fixant bouche bée l'hôtesse dans l'espoir qu'elle vienne le sortir du pétrin où il s'est fourré<br /> 3. résultat, quand tu as 3 pauvres articles, il vaut mieux faire la queue derrière 2 gros caddies que derrière 3 petits comptes<br /> 4. parce que la caissière ira toujours plus vite que toi<br /> 5. au final, même si c'était rigolo au début, c'est vite devenu lassant voire irritant, et la plupart des caissières voulaient y mettre une bombe (pas à cause de la baisse des emplois, mais parce que ça va beaucoup plus vite quand on est à une caisse tradi, et que même le plus désagréable des clients à une caisse tradi est à 98% plus agréable que le plus agréable des clients de caisses automatiques...<br /> <br /> (désolée pour ce commentaire de 3 pages)
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W
Certes. D'ailleurs, beaucoup de mes clients disent préférer les petites surfaces, pour la proximité avec le personnel, la clarté du rayonnage ... ils se sentent au moins un peu exister.<br /> <br /> Finalement, les caisses automatiques c'est la suite logique de la déshumanisation progressive des très grandes surfaces ...<br /> <br /> Vive les petites épiceries !
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M
quand tu dis que les magasins ont fini par s'autodétruire, je dirais que les grandes surfaces, avides d'agrandir encore et encore leur surface de vente, elles veulent sans cesse proposer plus de produits, plus de promos, plus de crédits, plus d'achats impulsifs, plus d'affichages, plus de rayonnages...<br /> et si ce grand "plus" est bel et bien arrivé, le client (et l'employé) se sent de plus en plus petit, agressé par cette profusion de marchandises, de lumières, de sons, de couleurs qui dégoulinent à chacun de ses pas.<br /> nous devenons tous anonymes, un numéro parmi d'autres, mais un numéro qu'il faut capter et garder. un numéro qu'il faut fidéliser.<br /> étrange paradoxe non ?
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