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Un peu de tout et de rien !
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22 août 2008

Acide Sulfurique, Amélie Nothomb

Je n'avais jamais lu d'Amélie Nothomb jusqu'à Mardi 14h38. Auteure médiatisée, à la mode, elle rimait à mon sens avec "commercial". Ses titres sont étranges et j'avoue que des titres tels que Stupeurs et tremblements, Hygiène de l'assassin ou encore Métaphysique des tubes ne m'attirent guère. Et pourtant, un peu comme l'habit ne fait pas le moine, l'impression que fait un titre ne fait pas l'œuvre.


J'ai croisé à plusieurs reprises Acide sulfurique en me posant cette fatidique question : que peut bien narrer un roman qui porte le nom d'un composé chimique qui détruit rapidement ce qu'il traverse? Etonnement. Je suis la première à penser que la littérature traverse son lecteur, mais pour l'imprimer. Qu'en est-il de ce livre? Détruit-il le lecteur ? Le purge-t-il? De surcroît, il y avait cette couverture, ce papillon à l'aile déchirée, coupée sur ce verre cassé. A la lecture de la quatrième de couverture , "Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffi plus : il leur en fallut le spectacle", j'ai reposé le livre. Etais-je prête à lire un livre qui évoque un spectacle de souffrance? Sûrement pas. Je l'ai laissé sur son étal, reprenant un air indifférent.


Et puis j'ai eu cette envie de découvrir des auteurs récents, de les connaître, finalement j'ai aussi acheté Acide Sulfurique sans savoir vraiment si j'allais le lire ou pas.

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Après mes lectures Gavaldesques j'étais restée dans des thèmes très classiques : la recherche de l'amour. Je pensais, après avoir fini Les hommes préfèrent les rondes de Pierre Dukan, entamer Ensemble, c'est tout, d'Anna Gavalda. Mais le pavé est assez gros.

Alors que ma connexion internet se ralentissait et que je mettais près de 10 minutes pour télécharger chaque photo sur mes blogs, je me suis collée deux boules quiès sur les oreilles et j'ai entamé Acide Sulfurique sans conviction. Sans conviction et pourtant je l'ai lu sur l'après-midi, sans relâche, moi qui met toujours au moins 4 jours à finir un livre de 200 pages. Ce n'est pas que je le dévorais, ce n'est pas qu'il me dévorait. Ce n'est pas que je m'exaltais de ce que je lisais. C'est que je n'avais jamais lu si belle réflexion sur nos mœurs médiatiques actuels. Les mots défilaient, c'est de la réalité qu'il s'agit. Passée, présente et peut-être future.


Une drôle d'histoire. Terrible. Un jeu de télé-réalité nommé "Concentration", extermine des gens enlevés de force comme dans un camp nazi. Les producteurs jubilent, les spectateurs raffolent du macabre spectacle, la presse s'empare des sujets. A l'intérieur du camp, la belle Pannonique, devenue anonymement CKZ-114, est battue par la kapo Zdena qui s'éprend d'amour et de fascination pour elle. Les atrocités commencent. Mais Zdena épargne plusieurs fois Pannonique avec un leurre. Pannonique, par son courage, sa beauté et son intelligence, devient l'égérie du camp. Elle supplie le public de ne plus regarder l'émission pour que l'audience s'écroule et que cela soit terminé. Finalement c'est Zdena qui les sauvera tous …par amour pour la belle Pannonique.


Oui nous avons là la plus belle satyre de la télé-réalité si souvent affligeante, laissant percevoir les douleurs intimes des uns et des autres, entrant dans la vie privée des gens et les privant de leur identité. Oui, c'est à l'extrême! Tuer des gens pour l'audimat? Aujourd'hui on en arrive à montrer des couples qui se trompent, des gens prêts à manger des anus de cochons pour gagner une épreuve, à crier famine au milieu de la jungle pour gagner les honneurs d'une émission télévisée, alors pourquoi pas carrément proposé la reconstitution d'un camp de concentration. Car oui, "Concentration" force les prisonniers à travailler, les bats, les humilie. Et pour Pannonique ceux qui en sont les coupables directs ce ne sont pas les organisateurs ou les politiciens , ce sont les spectateurs eux-mêmes qui continuent de regarder le spectacle macabre avec une ferveur insoupçonnée.


Mais ce livre se limite-t-il à une critique de ces émissions de télé-réalité? Même s'il se décompose en petits épisodes comme ces fameuses émissions, je ne crois pas. La télévision est un ramassis d'images violentes. Les journalistes ne courent pas après l'information mais après le sensationnel. Et souvent le sensationnel putride, mortifère, terrifiant. Est-il besoin de montrer des corps déchiquetés? De tergiverser longtemps sur tel ou tel massacre? De s'arrêter pour interviewer les gens en larmes et qui viennent de perdre leur toit ou pire, l'un des leurs?


Pourquoi avoir choisi une reconstitution de camp nazi? Ce choix est clairement provocateur et il déplait surement à beaucoup de scandalisés : oser utiliser les camps nazis de cette manière, ce serait presque ignoble ! Et pourtant quand l'on sait que l'on scande depuis des années ce devoir de mémoire en vociférant ce "plus jamais ça!" redondant et que des massacres on en laisse se faire tous les jours, comme on laisse le massacre avoir lieu dans l'émission "Concentration". Les images de massacres affluent sur nos écrans de jour en jour et que fait-on? D'autre part, il est ici question de déshumanisation provoqué par cette télé-réalité qui "élimine" les candidats considérés "inférieurs", or, la Shoah est l'un des pire événement dénué d'humanité où on a enlevé l'humanité aux hommes et femmes considérés comme des animaux et qui ont perdu leur nom, remplacé par des marques au fer rouge. Finalement cette déshumanisation continue tous les jours et nous en sommes les spectateurs passifs très souvent avides de ses images tragiques et sanglantes. D'autre part, il me semble que, bien que ce qu'on lise soit brutal, écoeurant, violent, terrifiant, quand on ne connaît que l'histoire des camps nazis, on sait que c'était l'enfer, mais on n'a pas totalement idée des souffrances. Acide Sulfurique nous les transmet, nous les expose et nous rappelle ce fléau tout en nous avertissant qu'il se répète de manière plus ou moins intense dans l'histoire.

Et la seule chose qui puisse nous sauver, c'est de retrouver un peu d'humanité.

Ce livre ouvre un débat tabou! Car oui, chacun est éploré en apprenant ce que notre histoire nous a laissé comme terribles souvenir, mais nous n'en sommes pas devenu plus humain pour autant puisque nous nous délectons des souffrances d'autrui.


Acide Sulfurique n'est donc pas un livre destructeur. C'est l'Acide Sulfurique qui sauve les prisonniers dans le mélange soi-disant détonnant que Zdena menace de faire exploser dans le camps pour que tout le monde soit libérer. Ce qui est désigné en tant que tel n'en est pas, c'est un leurre. Il ne détruit donc rien, il menace de détruire pour sauver l'humanité.

Ici, le livre montre ce qui menace de détruire l'humanité, et ce que l'homme a construit est un acide sulfurique qui détruit l'humanité. Une telle boucle ne prédit-elle pas une fin du monde inéluctable si l'humanité, la vraie, ne se réveille pas?



Pondéralement Vôtre ne veut pas sauter de repas !

Gersicotti Gersicotta papillonne...


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Commentaires
N
L'un des moins bons Nothomb selon moi. Le sujet est volontairement provocateur, et pour ne rien arranger, on s'ennuie, en raison du manque de rythme. Pas du tout aimé.
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P
Ca y est, j'ai lu le dernier, et j'ai beaucoup ri...
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P
Sauf le dernier sorti en août 2008 : Le fait du prince <= drôle de titre en effet ! lol
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P
J'aime beaucoup Amélie Nothomb. Je les ai tous lus.
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W
Bah, en fait c'est pas que je veuille lire ci ou ça, je les croise et je les prends c'est tout :)<br /> <br /> Mais fais moi une liste soeurette, je t'en prie !
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