Et merde ! Le coca light !!!!!
La trépidante journée d'une responsable d'un rayon liquide…
4H30. Le réveil sonne. Je me suis couchée tôt, mais je n'ai
pas vraîment envie de poser le pied à terre. En plus, il recommence à faire
froid le matin. Je me traîne tant bien que mal jusqu'à la salle de bain pour
prendre ma douche. 4h50. Je sors de la douche. Je reviens vers ma chambre,
j'enfile ma tenue de travail. Je démêle mes cheveux frénétiquement sinon après
je les ai toujours tout bizarres avec des nœuds gros comme des gonades de
mammouths. Je me fais deux tresses qui me valent au boulot plusieurs surnoms :Fifi brin d'acier, Pocahontas, Heidi ou encore Laura Ingalls
(ça tombe bien la maison de mes parents est dans une prairie …).
Après avoir confectionné mes deux nattes sublimes, je mets
mes chaussures de montagne. Il est environ 5h00. Oui madame, oui monsieur, des
chaussures de montagne ! La dernière fois que j'ai fait une rando c'était avec
des baskets pourries et je vais au boulot avec des chaussures de montagne. Mais
si ça peut vous rassurer je les ai achetées après la fameuse randonnée.
Mais pourquoi des chaussures de montagne? C'est vrai que les
jours de livraison, la réserve du magazin ressemble à l'Himalaya : telles
sommets alignés, les palettes immenses et empaquetées dans du plastique blanc
rappellent, par un rapport choucroute très recherché, la fameuse chaîne de
l'Himalaya, son altitude, ses sommets enneigés…Mais si je mets des chaussures
de montagne, ce n'est pas pour m'harmoniser avec ce décor, je suis de toutes
manière déjà en harmonie avec Ecomarché, grâce à mon sublime T-shirt
Mousquetaire. En fait, j'ai mal souvent mal aux chevilles, et les chaussures de
montagne qui sont montantes et réglables me soulagent.
Une fois mes chaussures chaussées, après un bref arrêt sur
image, -c'est-à-dire rester assise sur mon lit, le regard dans le vide, les
bras tout flasque et une subite envie de me recoucher-, je me dirige vers la
cuisine. 5h15 voire 5h20 voire 5h25 selon la longueur de l'arrêt sur image ou
s'il y a eu plusieurs arrêts sur image au cours de ma préparation matinale. Je
chope mes petites hormones thyroïdiennes du matin, je bois un verre de lait,
j'mange un truc ou je le fous dans mon sac parce que je suis à la bourre et je
le mange en voiture, ceci dépendant encore de la longueur de l'arrêt sur image.
Et surtout, je gère le truc insupportable qui m'sert de clébard et qui, quand
bien même me paraît être le plus beau des chiens du monde, me perturbe dans le
bon déroulement de ma préparation.
Quand les jambes sont pas encore réveillées ou le cerveau c'est assez rigolo :
on est pas rapide et en plus on cogne d'un coin d'palette tout ce qui se trouve
sur la route. Une fois au rayon, faut désemballer la palette. Soit on a un
cutter et c'est tout simple, soit on a pas de cutter (ce qui était mon cas,
jusqu'à aujourd'hui) et on arrache tout avec les doigts et la force des bras ce
qui fait une première suée. Le déchargement des palettes, c'est le plus
fatigant : il faut enlever les packs et les cartons, les amener jusqu'à
l'endroit où il faut les ranger, les poser dans les étagères, ou ouvrir les
cartons et ranger les bouteilles, grimper à l'échelle pour stocker les restes
tout en haut du rayon. Et comme c'est lourd, ça fait transpirer. Ca fait
maigrir \o/ (ouais j'ai perdu 4 kilos ! ) et en plus ça fait des gros biscotos
(appelez moi Hulk !). En général j'ai deux ou trois palettes et je les vide
pour 8h-8h15. Je prends 5 minutes pour recharger mon rayon en packs d'eau et
puis c'est l'heure du ménage. Tout le monde chope un balai et on balai le sol
du supermarché. Ensuite c'est l'heure (8h30) du facing. Ah mais c'est quoi le
facing? Dans facing y'a
"face", comme dans "façade". En fait il s'agit de faire les
avancées de tout les produits afin que tout le premier rang soit plein et
uniforme. En gros on avant tout jusqu'au bord, et en plus ça fait joli et les
clients ils peuvent se servir facilement. 8h45 : ARRRRGH faut que j'aille
compter ma caisse. J'vais chercher mon caisson, j'compte mes sous. Une autre
caissière arrive et compte aussi. Je la laisse et j'vais prendre ma pause avec
les autres. Pis ensuite je m'occupe de mes "casquettes" parce que
souvent j'ai pas hyper le temps de les faire les jours de livraisons. Mais
qu'est ce que les "casquettes"? Non ce n'est pas un chapeau à demi bec qu'on se fout sur la tête. C'est
en fait le dernier étage des rayons qui sert à stocker les surplus, qui sert à entreposer le stock et
qui évite d'envahir la petite réserve. Ce qu'il y a de bien dans une casquette
bien tenue, c'est qu'elle permet à n'importe qui du magasin de pouvoir
recharger le rayon quand la personne qui s'en occupe n'est pas là pour le
faire, ça lui évite de courir à la réserve chercher dans les cartons , ça fait
gagner du temps et de l'argent, le client est servi instantanément en cas de
rupture en rayon et ça c'est la classe.
De temps en temps ma collègue m'appelle pour la caisse, et je reprends mes habitudes de caissière. Et puis dès que je peux je pars faire mes commandes. N'imaginez pas qu'on téléphone, qu'on maile, ou je ne sais quoi d'autre. En fait, on a ce qu'on appelle un M.S.I. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais c'est une sorte de mini ordinateur en forme de gros téléphone qui scanne des codes. C'est avec ça qu'on passe les commandes puis la chef les valide et les envoie. Les commandes la première fois toute seule c'est flippant, surtout quand votre chef vous dit "Démerde toi, je te fais confiance". Surtout quand on connaît pas encore ce qui part le plus ou le moins. Je suis fait avoir sur certains trucs, genre, Le coca light…c'est incroyable comme ça se vend super bien, et mieux que le coca normal. En 1 journée mon rayon est vide en coca light. L'oasis orange, ça aussi, à croire qu'ils remplissent prennent même leur bain avec. Par contre, le jus d'goyave…ça a pas grand succès. Maintenant ça va mieux, je commence à connaître mes produits, ceux qui marchent bien, et à gérer plus ou moins bien mes stocks. Et puis ensuite j'vais ranger ma réserve, ou j'finis en caisse, selon le flux d'clients…et quand arrive 12h, je ferme ma caisse et je me casse en disant "Houra! Vivement la sieste !".
Tout ça pour dire, que, c'est crevant, mais j'aime bien. Surtout
quand mon rayon est tout beau, tout bien rangé et ça l'fait !